Choisir un sac airbag

Un sac airbag est un investissement conséquent. De plus il sauve des vies ! Deux bonnes raisons pour acheter en connaissance de cause.

Le principe N°1 : la « ségrégation inverse »

Le sac airbag permet au skieur (dans certaines circonstances, voir plus bas) de rester à la surface de l’avalanche et donc d’éviter l’asphyxie par enfouissement. Contrairement à ce que l’on peut lire et entendre, un sac airbag n’améliore pas la « flottabilité », la neige n’étant pas un liquide. Le se base sur le phénomène de « ségrégation inverse« , qui prévoit que lorsqu’un matériaux granulaire hétérogène est en mouvement, les petits éléments passent sous les gros par effet de gravité, laissant ces derniers à la surface. De nombreux phénomènes de la vie courante sont une conséquence de ce même principe. Dans un paquet de corn-flakes qui a fait l’objet de manipulations et transports, les flocons intacts sont dessus et les débris au fond. De la même façon, les randonneurs ont pu constater que dans un pierrier en montagne, les gros blocs sont toujours à la surface. Un sac airbag en augmentant le « volume » du skieur va permettre de laisser passer dessous les blocs de neige en général plus petit.

Le principe N°2 : la création d’une poche d’air

Le sac airbag n’est pas une garantie contre l’ensevelissement (voir ci-dessous). Cependant dans ces cas, il apporte un autre avantage de taille. Certains sacs en se dégonflant (au bout de 3 minutes en général) créent une poche d’air sous la neige améliorant les chances de survie du skieur. Une étude montre que dans des conditions modérées, la majorité des testeurs a pu rester ensevelie 60 minutes, en partie grâce à la poche d’air créée par le sac airbag.

https://utahavalanchecenter.org/sites/default/files/attached_files/Avalanche%20airbag%20post-burial%20active%20deflation.pdf

Efficacité et limites des sacs airbag

Les sacs airbags sont aujourd’hui reconnus comme efficaces et diminuent très approximativement le risque de mortalité par deux. Le port d’un airbag cependant loin de garantir une sécurité absolue pour plusieurs raisons :

  • Si l’enfouissement est le principal risque de mortalité, ce n’est pas le seul. La collision avec des rochers, arbres, le risque d’arrachage de membre, l’hypothermie sont aussi des facteurs pouvant entrainer un décès.
  • Il existe des facteurs qui empêchent l’airbag de jouer son rôle : des skis maintenus par des leash qui entrainent le skieur au fond de l’avalanche ou une avalanche qui arrive sur un replat (en l’absence de mouvement, le principe de la ségrégation inverse ne fonctionne plus).
  • Par ailleurs dans de nombreux cas, les airbags ne sont pas déclenchés, soit parce que le skieur n’a pas eu le temps ou a oublié de le faire, soit parce qu’ils ne fonctionnent pas.

Les sacs airbags électriques/électroniques

Les sacs airbag utilisent un super-condensateur (airbags « électroniques ») et/ou une batterie au lithium (airbags « électriques ») stockant de l’électricité chargés par USB ou piles AA qui vient alimenter un ventilateur permettant de gonfler le ballon.

Il faut savoir que beaucoup d’airbags ne sont pas déclenchés lors d’avalanches, car le a) skieur n’a pas eu le réflexe de tirer sur la poignée, b) parce qu’il voulait déclencher au dernier moment de peur d’utiliser la cartouche pour rien ou c) tout simplement parce qu’il ne fonctionnait pas ! Le gros point fort de ce type de sacs airbag est qu’on peut s’entrainer à le déclencher, que l’on a pas peur de le déclencher et surtout qu’on peut le tester avant une sortie. Le gonflage est certes plus lent, mais on tire sur la poignée plus tôt !

Facilité de test et d’entrainement
Possibilité de plusieurs déclenchements lors d’une seule sortie
Gonflage plus lent
Plus lourd que les sacs avec bouteille (carbone)
Certains modèles peuvent générer des interférences et gêner, parfois de manière significative, le fonctionnement des ARVA en mode réception ( voir la page sur les interférences et l’efficacité des DVA)
Les modèles avec batterie au lithium non-amovible peuvent poser des problèmes de transport aérien (Litric en particulier)
Les batteries au lithium utilisées par certains modèles se dégradent avec le temps et ne sont pas forcément remplaçables, diminuant fortement la durée de vie du sac.

Les différentes modèles de sac électriques/électroniques

  • Alpride E1 et E2 (Alpride, Scott, Millet, G3, Ferrino, Deuter) :
    Gonflement par super-condensateurs, alimentation par USB ou pile AA
    Modèle E2 plus léger, ballon plus grand, interférences faibles par rapport au modèle E1.
  • Litric (Ortovox) :
    Gonflement par super-condensateurs alimentée par usb et une petite batterie lithium non déconnectable (attention au transport aérien, voire plus haut). Le système électronique le plus léger sur le marché.
  • Jetforce (Black Diamond/ Pieps)
    Gonflage par batterie au lithium. L’un des avantage du Jetforce est le dégonflage actif du sac est automatique après 3 minutes permettant de créer une poche d’air sous la neige.

Notre avis sur les technologies existantes

Toutes les batteries au lithium perdent progressivement de leur capacité. De plus, elles sont souvent stockées à vide pendant la période estivale, ce qui accélère leur usure. Enfin elle sont exposées au froid.

Il faut donc pouvoir les remplacer. Or certains utilisateurs des modèles Jetforce, se plaignent de ne pas pouvoir remplacer la batterie de leur sac ABS Jetforce , le modèle n’étant plus fabriqué (!).

Dans le cas du Litric, la petite batterie au lithium sert à recharger les super-condensateurs après un premier déclenchement. Ortovox est très discret sur les possibilités de remplacement ultérieur. Par ailleurs, la durée de vie du sac d’après la marque est de 50 déclenchements, ce qui pourrait sous entendre qu’ils n’ont pas prévu de remplacer la batterie, par ailleurs non amovible.

Dans le cas d’un système Litric ou Jetforce, il est donc important de questionner la marque avant achat sur les possibilités de remplacement de la batterie (et sur quelle durée). Il est par ailleurs fortement conseillé de suivre les conseils d’entretien de la marque lors de la saison estivale.

Pour notre part nous préférons le système Alpride qui nous semble plus simple et plus fiable dans le temps (on ne peut pas faire plus simple : les super-condensateurs sont rechargés après une première utilisation par 2 piles AA).


Les sacs airbag à gaz

Les airbags à cartouches utilisent un dispositif pyrotechnique ou un câble mécanique pour percer une bouteille d’azote ou air comprimé qui va gonfler le ballon.

Gonflage plus rapide
Plus léger avec des bouteille carbone
Obligation de faire vérifier la cartouche régulièrement
Obligation de faire remplir la cartouche et changer le dispositif pyrotechnique après chaque déclenchement
Difficile à tester avant une sortie. Doute sur le fait qu’il fonctionne ou pas
Ne permet qu’un déclenchement (sauf si bouteille de secours). Incite à déclencher au dernier moment, parfois trop tard.
Difficultés de voyage en avion avec les bouteilles de gaz sur certaines destinations ou compagnies aériennes


Check-list et points à vérifier avant l’achat d’un sac airbag

  • Le confort et adaptation à la morphologie du skieur
    Le sac va être porté des journées entières et il est indispensable qu’il soit suffisamment confortable. Un essai en magasin est indispensable. Attention à la longueur du dos. Certaines marques proposent différentes tailles, d’autres des sacs réglables.
  • Volume disponible
    Le volume disponible va dépendre de l’activité (freeride en station, héliski, rando à la journée, rando sur plusieurs jours, etc. ). On s’aperçoit d’expérience que le volume manque vite. Pour des rando à la journée par exemple, il faudra en effet loger pelle-sonde, les peaux, les couteaux, la casse-croute, une bouteille d’eau, une protection thermique supplémentaire, un bonnet, un masque, un multi-tool, etc.
  • Les poches
    Le diable est dans les détails, en particulier dans les poches ! Elles sont essentielles pour garder masque, lunettes, multi-tool, bouteille d’eau à portée de main. Une grande poche doublée polaire pour le masque et des poches ceintures pour multi-tool, clés, lunettes, etc. sont particulièrement bienvenues.
  • Porte-casque
    Indispensable à notre avis à la descente, mais très inconfortable à la montée pour les randonneurs, le sac airbag doit avoir un dispositif porte-casque permettant de l’arrimer solidement et empêcher tout mouvement parasite.
  • Les possibilités de fixation de skis sur le sac
    Il est fréquent que l’on doive déchausser et mettre les skis sur le sac dans les marches d’approche ou dans les passages difficiles. Il existe deux possibilités de fixation du ski sur le sac a) en diagonale (souvent préférée car permet d’éloigner les skis de la pente) et b) en « A » sur les cotés du sac (plus stable). Le sac doit prévoir à minima le mode de fixation que le skieur utilise, idéalement les deux.
  • Possibilité de fixer un piolet
  • Le poids
    Le poids est important, surtout pour les randonneurs. Les sacs à cartouche de gaz sont en général un peu plus légers, si la bouteille est en carbone.
  • Interférence avec les DVA
    C’est un point clé concernant les sacs airbag électroniques (voir la page dédiée aux interférences). Certains modèles limitent très fortement les performances des DVA en réception. Compte tenu de risque de sur-avalanche, il n’est pas question de se débarrasser du sac en mode recherche. De nombreux fabricants de sacs sont conscients de cette problématiques. Il existe par exemple une grande différence entre l’Alpiride 1 et 2. Nous conseillons de mettre à jour les logiciels des sacs, car elles permettent parfois d’atténuer les interférences générées.
  • Recharge des bouteilles
    La recharge des bouteilles et le changement des dispositifs pyrotechniques doit se faire facilement.
  • Taille du ballon
    Plus le le ballon est grand, mieux c’est, en vertu du principe de ségrégation inverse évoqué plus haut.
  • Dégonflage automatique et actif du ballon
    C’est une fonctionnalité clé (voir plus haut) de certains sacs électriques et un point fort des JetForce. Le dégonflage actif (la turbine est en mode reverse) du ballon permet la création d’une poche d’air qui augmente significativement les chances de survie en cas d’ensevelissement. Les Alpride ne la propose pas (E1), ou proposent un dégonflage passif partiel par le biais d’une valve (E2). Le Litric non plus.

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